lundi 22 octobre 2012

l'effort de peindre

L'Atelier d'Eric

Cour de soleil en prélude. Porte de garage branlante pour rempart. Trouée oblongue et étroite qui descend à la terre : déjà se fait présence l'homme libre qui habite ces contrées.
Passée la porte, la fraîcheur en volutes et l'espace grand laissent l'âme à l'ombre des rêves profonds et des doutes ressassés.
Force du lieu qui à la subtilité s'oppose, pour un paradoxe insolite insoluble et voilé.
Des machines de géant gisent en coin dans les bas, pendant que trônent en haut des phares éparpillés au gré des sautes d'ombre.
Sur les murs des aurores en poussière, qui doivent s'apprivoiser à nos yeux d'inconnus, d'étrangers. Ne pas leur faire face de suite. Laisser les pas nous porter vers eux, en silence.
Tandis que le regard évite ces rives peintes offertes, il vient à se poser sur des ailes laissées, pour ainsi dire, à l'abandon. Œuvres, rites, napperons de couleurs, tulles oubliées sur des papiers rieurs. Comme une nuée de sourires qui se serait posée dans ce lieu de labeur, de force, de sueur. L'homme faiseur de pain nous laisse pénétrer ses débordements du monde, qu'il nous offre en consolation à notre humanité. Ainsi la nuée devient, dans le sable de sciure et la présence encore des bois bien façonnés, une autre de ces portes où l'on voudrait entrer.
Goutte à goutte de calme à frôler de ses yeux ces morceaux de tendresse, de poésie, d'humilité.
Et puis peu à peu, tandis qu'opère ce charme troublant, les toiles alentour qui sûrement guettaient nos entendements d'intrus, s'imposent à la conscience entaillée par les paroles lues aux courbes de la nuée . Alors de se retourner, et de se faire prendre dans les méandres clairs des traits qui ont jaillis à ces toiles vibrantes, et de vagabonder et de perdre le fil des temps qui savent si bien nous faire et nous défaire.
Une autre porte petite, tout en haut de trois marches, appelle à s'élever : c'est le lieu où il peint, c'est son repos des longues marches en maraude. Petite pièce, lumière. Rien à faire là que peindre, et peindre et se taire pour si bien nous parler. Là aussi sa présence partout est imprégnée. C'est son lieu. C'est sa prose. On baisse la voie pour ne pas déranger. Et des lames, et des roses, et des violences sans nom lancées partout où le regard se pose, sur les toiles, dessins, et papiers égayés.
Anne Goudot (Ateliers Ouverts 2004)

Je repense à quelques ateliers que j'habitais, tel celui rue du Cerf à Strasbourg, et, entre ces terres d'aujourd'hui investies, mon Boat à moi, totalité de ce que j'exposais sur cette construction intellectuelle composé de blog et de sites, les changements profonds qui l'amenèrent ici et maintenant, j'ose espérer que certaines choses évoluèrent favorablement pour que je devienne un homme, tout simplement.

Essuie glace. L'un ou l'autre souvenir ravivés par quelques passages sur ce qui fut mis en traces, témoignage de rencontres qui se nouèrent, se retrouvent ici formellement aussi neuves qu'un premier jour.

Essuie glace.
Et voila. J'ai tout mon temps dans cette maison de repos, installé dans ce lit aux mouvements assis couché où toujours la douleur me rappelle la douceur quand elle s’absente.
Ma pensée s'enfonce comme poussière volante aux images de ma vie, chemine et des histoires renaissent, se déposent en couches liées contrapuntiques pour un repos que déjà les élans mouvementent, successions de disques en mémoires qu'une Paix invite à quelques danses allant de la précision des astres à la pulvérisation de tout tangible.

Qui était Gaston Chaissac ?
J'ai beaucoup aimé ses écrits, son courage, que certains ont pu qualifier de naïf, concernant sa vie de peintre. A l’instar de Vincent et des lettres à Théo, il réussi à décrire simplement sa vie de peintre, ses actions pour la peinture, toutes ces petites choses que le grand peuple de ceux qui n'en branlent pas une jugent facilement comme puériles alors qu'elles sont souvent les briques, les socles de ces êtres qui allièrent leur profond et le paraitre.
D'y penser, je doute assez peu que ces deux hommes, s'il étaient actifs aujourd'hui avec leurs interrogations d'hier, soient passés à côté du web sans voir la continuité que leurs processus de présentation auraient pu y trouver.

Rencontrer son public. C'est une petite musique qui plane de bonne foi. Ah ! Rencontrer son public. Lui présenter des oeuvres où il n'aurait plus qu'un mot à dire, clap clap, cri de singe engagé, un pour tous et reconnaissez-vous.
Sur internet ? Tu lèches ou tu crèves, c'est simple comme un coup de trique.
Rencontrer son public. Les stars médiatiques restent dans leurs médias, comment gérer internet et ses masses d'imbéciles qui ne comprennent rien et vive la tour d'ivoire d'où grandissent d'invisibles canons éradicateurs de possibles floraisons de savoirs en connaissances dont nous ne saurons plus rien.

Essuie glace.
Et pourtant coulent des rivières de pseudos, d'avatars, installant sur ces nouvelles terres des blogs comme des repères de leurs vies, travaillant le pixel sans interrogation, produisant du contenu apte à satisfaire leurs besoins, pliés à des règles qui les conditionnent et déterminent souvent les ornières où germineront peut-être leurs actes inséminés de leurs intentions si souvent aveugles de leurs propriétaires.

Chercher une image. Jolie note. Allez ! Encore un effort ! Tu es peintre, artiste, ou quoi ?


Petit voilier "Touti Flouti" en action sur le texte et mikados volants-nda-§°°°

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